top of page

Micros textes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une petite publication d'une page chez les deux Zeppelins ici: https://les2zeppelins.wordpress.com/2016/01/01/0131-010116/

 

La fin du monde est proche

 

Comme un baiser fougueux de la Mort, le mauvais vin a rongé son sourire. Les cheveux en pagaille, il déambule dans les rues qui ne cessent de tourner. Il vocifère sur les passants qui ne comprennent rien.– La fin du monde est proche, crie-t-il.Mais on ne l’écoute pas.Il s’enfonce jusqu’à ce que l’odeur de pisse des couloirs du métro cautérise ses narines. Il maudit les badauds qui défilent dans les artères pour s’entasser dans ces boites en métal. Eux, les bienveillants aveugles qui ne le voient pas.Il crie : la fin de ce monde est proche. Mais les oreilles ne savent pas écouter ceux qui ont perdu la bataille. Il les hait, ces hommes et femmes qui font avancer la machine. Elle qui métastase les entrailles de la terre et rejette sa sombre vapeur dans l’atmosphère. Elle qui file droit vers la catastrophe.– La fin du monde est proche, crache-t-il.Mais les prophètes modernes ont la mâchoire édentée et la langue tarie à force d’hurler aux esprits sourds.Alors vient un soir où le clochard se meurt. Appuyé sur un mur et la bave au coin des lèvres, il aperçoit soudain des couleurs : arabesques chaotiques des impulsions électriques de son cerveau qui s’éteint. Il trouve cela joli : ces lumières qui s’approchent. Puis il la voit. La locomotive rejetant sa vapeur fuligineuse. Elle s’arrête à sa hauteur pour l’emmener. Il comprend alors qu’il part pour le Grand Tout. Dernier voyage. Il embarque. La mort encapuchonnée aux commandes se tourne vers lui. Il ne voit pas son visage mais il jurerait qu’elle lui sourit. Puis elle le quitte des yeux et le train démarre. Il s’assoit et tout disparaît derrière eux.La fin du monde.Enfin !

 

A toi Renton, à toi le bérurier, à toi l’hybride... A nous

 

 

Un doigt levé bien haut. Esprit punk.

Effet miroir. Nous sommes tous des hybrides de merde.

Punk facebook. Hahaha !

Et alors? Tu crois qu’il n’y a que la rhétorique qui fait de toi un rebelle? Voyons plutôt ce que tu fais.

Punk’s not dead, non, son esprit reste : mais le punk a changé. Sa crête a fané : cool, elle n’était qu’un putain de symbole esthétique elle aussi.

Punk’s not dead. Réingurgité par la machine ? Virus à l’intérieur de celle-ci ? Je ne sais pas. Le punk a éclaté pour se télécharger en fragments dans chacun de nous.

Facile de parler. Voyons plutôt ce que tu fais.

Nous sommes tous des hybrides de merde : des punks roto-moulés en plastique. Des figurines en polypropylène pour propagande publicitaire. Plus rien d’authentique : pas même ce texte.

Le punk emmerde la société de consommation mais il mange dans ses poubelles. Peut-on souhaiter cela à quelqu’un ? Demande à Renton ce qu’il en pense. Lui qui a manqué de crever sous héro. Le punk n’est pas un héro (hou quel jeu de...maux) : il n’est pas glamour, le croire c’est bon pour nous, les pt’its occidentaux.

Etre punk ici ne veut rien dire.

Nothing.

Et j’emmerde le punk occidental autant que le pt’it mec bien rangé qui ne pense à rien et ne fait que bêler en marchant droit. « Marcher droit. Avec nos travers. Marcher de travers. Â» un groupe de reggae variette l’a déjà dit. Et ça t’as plu (à moi aussi d’ailleurs), pendant que tu étais ado et que tu fumais des splifs : parce que c’est ce que nous sommes. Nous sommes tous des hybrides de merde.

Et alors ?

Punky-cliché ? qui ne fait rien parce qu’il est trop « vrai Â» : toi aussi je t’emmerde.

Mais soyons plus malin que cette colère. Faisons ce qui nous semble juste et soyons vrai qu’à nos propres yeux et envers ceux de la planète.

Alors imprime ce texte sur du papier et torche toi le cul avec tant qu’il y a des arbres si ça te chante et fais parler de toi. Mais dans la balance universelle : j’espère que ça vaut le coup.  

 

Déforestation psychique

 

 

Je me souviens de l’immense saule pleureur.

Comme si les pleurs des hommes, ici, ne suffisaient pas.

Choix incongru : ironie botanique.

Je me souviens de ses branches-lianes tombantes : à ras de terre.

Comme tous ici d’ailleurs.

Frondaison-guérison.

Image poétique gravée au scalpel.

Mais il faut refouler les faits, scarifier les souvenirs.

Entamer l’écorce et en faire couler des larmes de sève.

Essuyer le sang suintant des failles familiales.

Oublier les pâles couloirs et les portes closes.

Tronçonner l’arbre.

Gommer l’odeur des médicaments et taire les délires psychotiques.

Rejeter l’ivresse des méandres névrotiques ou les vomir.

Génome neurasthénique en toi.

Faire de la sciure avec ce bois.

Et tout brûler.

En finir de cet arbre sous lequel je t’attendais.

Oublier l’immense saule pleureur du jardin de l’H.P

Bib de nuit

 

 

Bruit de succion.

Gigoteuse lion.

Tête dans le fi…

Presque 4h.

Bavoir mauve « I’m a princess Â».

Lumière aveuglante : réfrigérateur.

Se lever pour tétée express.

70 ml dans le chauffe-biberon.

Compte à rebours.

Drrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr Plus vite ! 

Délai trop long : agitation.

Drrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr

Elle : grands yeux désemparés. Bouche déformée.

Drrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr

Contraction viscérale remontant à la surface. L’être entier en souffrance...

Non…

Drrr...OUIIN !!!

Merde.

Moi : tympans en éclat. Fini la léthargie.

Plus vite !

Ding !

Téton de caoutchouc pour p’tit bout de chou.

Goutte: test bras.

Elle : rouge et yeux fermés. Puis soudain sub-compréhension. Téton-tâtonnement. Recherche buccale. Premier apprentissage. Mamelon artificiel. Vitesse de coulée…2.

Glouglouglouglou

Moi : soulagement. Oreilles sifflantes.

Glouglouglou

70ml…50…

Glouglou

30…20…

Glou

10…

Gl…

Resté accrochée : endormie.

Trop mimi…

J’ôte de sa bouche le biberon.

Pchiiiiiiiiiiiiiii. Dépressurisation.

Allez, un rot et puis…dodo !

bottom of page